Je viens de revenir d'une autre séance. Une autre séance de trop dans le contexte du deuil périnatal. Jamais j'aurais pensé que mon art servirait à apaiser la douleur de d'autres personnes. Mais c'est à ça que ça sert d'être bénévole pour la Fondation Portraits d'étincelles, pis j'suis bien fière d'en être une.
J'aurai pris 2 ans avant de m'inscrire en tant que bénévole mais une fois que je l'ai fais, je n'ai jamais regretté. Malgré la douleur des parents que je rencontre, je sens vraiment que mon travail prends une toute autre dimension. Mes photos seront le seul souvenir concret que ces parents auront de leur bébé. C'est important. Tellement important et puissant pour le processus de deuil. Imagine perdre ton bébé à 15-20-35-40 semaines de grossesse. Et que le seul souvenir qu'il te reste, c'est des photos. Des photos pour immortaliser tous ces petits détails qui font de ces êtres, des êtres humains qui ont vécus. Les p'tits orteils, la délicate bouche, les doux cheveux, le p'tit nez, les p'tits (ou longs) doigts.
À chaque appel, ça ne me tente pas. Mais à chaque appel, je prends le temps de me rappeler qu'à ce moment là, tout ce qui compte, c'est de créer des souvenirs précieux pour ces familles endeuillées.
À chaque fois, ça chamboule, pi ça te remet tes priorités en place. J'te jures que si j'ai eu un malentendu avec quelqu'un ou que j'ai des émotions fortes par rapport à une situation, ça prends le bord assez vite parce que je me dis qu'il y a bien pire que ce que je peux vivre en ce moment. Sans invalider mes sentiments/émotions, d'être témoin de ce genre d'événements me permet de remettre mes priorités et mon énergie à la bonne place. Ça me rappelle aussi profiter de tous les instants possibles et de profiter de la vie parce qu'on ne sait jamais ce qui nous pends au bout du nez.
À chaque fois, je pense à ma fille. Comment je suis chanceuse de l'avoir avec moi. À chaque fois, à mon retour, je prends ma fille dans mes bras pis je la serre fort. Pis en même temps, mon coeur de maman braille fort pour les parents que je viens de voir. J'te cacherai pas que ça m'arrive d'avoir les yeux embrouillés quand j'y pense. J'te cacherai pas non plus que ça peut me chambouler jusqu'à la remise finale des photos et même plusieurs jours après.
À chaque fois, ça me rappelle aussi qu'on sait jamais ce que les personnes devant nous peuvent vivre. Vous avez peut-être croisé des parents que j'ai rencontrés dans mes dernières demandes, sans savoir qu'ils venaient de vivre un tel drame. Pis ça, ça s'applique pour n'importe laquelle situation. Je pense que d'être proche de ce genre d'événements tragiques nous permet de se rappeler tous ces petits détails essentiels pour améliorer nos relations entre nous.
Au final, j'aimerais vous dire d'être doux envers vous ET les autres.
À bientôt,
Marie xx
Connaissais-tu l'existence de la Fondation Portraits d'Étincelles?
Oui
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